Louis-Jean Cormier confie traverser une période difficile, un moment qu'il redoutait depuis longtemps

« Le jour que je redoutais depuis mon enfance est arrivé. Ma très chère marraine, soeur Laurette Lebreux, nous a quittés ce matin à l'âge vénérable de 94 ans. On peut dire que c'est un bon score, même si son départ nous laisse un vide immense dans le thorax.

C'est elle qui m'a appris pas mal tout ce que je sais de la musique. Elle m'a enseigné le piano quand j'étais haut comme trois pommes et m'a offert ma première guitare (que j'ai toujours d'ailleurs) à l'âge de 8 ans. Elle m'a donné les clés pour sortir la musique de la théorie et du papier, et laisser les vibrations, le plaisir et l'émotion émaner des doigts, de l'instrument, de la voix...

J'ai la vue embrouillée en écrivant qu'elle était une véritable boule d'énergie, une fervente rêveuse, activiste, révolutionnaire, une amoureuse du Québec. Malgré ses voeux religieux au sein des Soeurs de St-Paul-de-Chartres, elle a été secrètement et poétiquement amoureuse de deux hommes: René Lévesque et Félix Leclerc. Elle avait un rire singulier et contagieux. Une grande partie de la population de Sept-Îles se rappelle bien d'elle et de ses cours de catéchèse et de FPS au secondaire. (C'est pas anodin de recevoir un cours de sexualité par une future mère supérieure!) Tout comme beaucoup d'artistes qui sont passés par Petite-Vallée depuis 40 ans.

Elle quitte notre belle et grande famille Lebreux à qui j'envoie tout mon amour.
Elle va nous manquer.
Elle est retournée auprès du petit Jésus et de ses deux amants.

Je te remercie pour tout matante Laurette.
Je t'aime.

Ton filleul.
😢❤️🙏🏻 »