« Mon père a reçu l'aide médicale à mourir mardi dernier. C'était un homme hors norme avec qui j'ai eu une enfance extraordinaire. Enfant, j'ai passé des centaines de soirées d'été à regarder les spectacles qu'il produisait dans les coulisses du Théâtre St-Denis, du Vieux Clocher de Magog et de la salle Maurice O'Bready.
Il m'emmenait à New York dans les années 1980, à une époque où peu de gens y allaient, et encore moins avec leurs enfants. J'ai grandi dans les théâtres, les studios d'enregistrement et les salles de répétition. Il m'a appris l'importance d'une réputation irréprochable et de toujours tenir parole.
Il a aidé des dizaines d'amis et d'artistes qui me l'ont dit en secret pour ne pas le contrarier. Je ne sais presque rien de son histoire, de son enfance dans la Petite Patrie, de la pauvreté dans laquelle il a vécu, de son travail de menuisier ou de régisseur au TNM, de ses précieux amis morts du sida ou dans un accident d'avion.
Mon père ne parlait jamais de lui ni de son passé, et je ne savais donc presque rien de sa vie. Il s'est avéré être un grand-père fou de ses petits-enfants et le meilleur des pères pour moi. C'est une grande perte pour nous et pour sa merveilleuse compagne de vie Louise Claude. »