« La sobriété émotive, c'est ne plus se servir des béquilles traditionnelles pour ne pas faire face à ses émotions et ne pas les vivres [...] Moi je m'en suis rendu compte quand j'ai arrêté de consommer drogues et alcool. Mais après, tu te rends compte que c'est beaucoup plus large et plus vaste que ça parce que n'importe quoi peut venir faire un écran à tes émotions [...] ça peut être les réseaux sociaux, la bouffe, le magasinage en ligne tout ce que ne veux pas vivre, ça peut facilement se mettre sous le tapis et être évité. Les dépendants, nous, on a un bon chum qui s'appelle le déni.
Moi quand je suis entrée en maison de thérapie, pis c'est drôle parce que c'est Jean-Claude Télémaque avec qui je fais Grains d'espoir aujourd'hui qui a été celui qui nous a réunis parce qu'on se connaissait de nos années de consommation puisque moi j'étais barmaid et lui c'était un excellent client! J'avais beaucoup d'affection pour lui, je le trouvais drôle, je le trouvais gentil et je trouvais qu'il avait tellement de belles qualités humaines. Donc, moi, je rentre en thérapie pis je ne suis pas l'ombre de moi-même, on peut se l'imaginer, et tous les soirs on avait des rencontres de fraternité anonyme pis moi j'étais en pleine pandémie donc ça se faisait par Zoom [...] et un soir, là il y a sa grosse face qui arrive sur l'écran! Je le reconnais pis là, dans son partage, lui sait que moi je suis en thérapie, donc il sait que je viens d'aboutir là et il me parle à travers son partage et c'est la première fois, après tout ce qui était arrivé, que j'avais un grain d'espoir. »